Natalie & Markus WEIS, CCN
Les relations entre les femmes et les hommes ont profondément changé dans le monde occidental. Comment la Mission CANA s’adapte-t-elle à la transformation des relations entre les sexes ? FOI, la revue de la Communauté du Chemin Neuf a posé cette question à Markus & Natalie WEIS, qui font partie de l’équipe de CANA International et sont anciens responsables de CANA en Allemagne. A leur tour, Justine et Jan répondent à cette question.
Vouloir tout réussir ?
Depuis les débuts de la Mission CANA il y a plus de 40 ans, les relations entre les femmes et les hommes ont profondément changé dans le monde occidental. En Allemagne, par exemple, jusqu’à la fin des années 1970, les hommes pouvaient résilier le contrat de travail de leur épouse sans leur consentement ; ce n’est que depuis 1997 que le viol conjugal est punissable. Avec le recul, il semble parfois difficile pour la jeune génération d’imaginer à quel point l’écart de pouvoir entre les sexes était important. Pourtant, les dispositions légales reflétaient les relations entre les sexes de leurs parents et grands-parents et avaient un impact sur les familles.
Aujourd’hui, la rencontre d’égal à égal est une évidence pour la plupart des jeunes couples. On s’efforce de répartir équitablement les tâches à la maison. Lorsque les enfants arrivent, on se soutient mutuellement afin de concilier au mieux vie familiale et vie professionnelle. Dans de nombreux cas, cela réussit – parfois plus, parfois moins – à la satisfaction des deux parents.
Mais les semaines et les week-ends CANA voient arriver de plus en plus de jeunes familles profondément épuisées par l’exigence de réussir professionnellement, d’être présents en tant que parents et d’être épanouis dans leur relation. Leurs parents et grands-parents avaient-ils la vie plus facile ?
Comment recevoir des forces nouvelles ?
La Mission CANA tente de répondre à ces changements. Des week-ends thématiques tels que « Égaux et Différents », « Couple, famille, travail », « Choisir nos priorités en couple » et bien d’autres encore offrent aux couples la possibilité de réfléchir à la répartition des rôles, mais aussi à leurs propres éducation et exigences en matière de vie familiale, et d’entamer un échange commun. Il ne s’agit pas en premier lieu de fournir aux couples des réponses sur la manière exacte dont ils doivent organiser leur vie. Il leur est offert plutôt un espace protégé pour en parler ensemble et pour recevoir des forces et de nouvelles inspirations dans la prière personnelle et en couple.
Il se peut que, pendant les sessions CANA (Semaine CANA, Retraite CANA, CANA Welcome, etc…) le couple fasse une expérience particulière : percevoir et reconnaitre sa propre faiblesse et sa fragilité. Ceci est d’une grande importance pour les hommes comme pour les femmes, même si les deux vivent cette expérience de manière très différente. Le fait de pouvoir admettre et expérimenter que je ne réussis pas tout comme ce que les autres, « la société » ou moi-même attendent de moi peut être un choc dans un premier temps, mais c’est aussi une expérience salutaire. Aujourd’hui encore plus qu’à l’époque où les rôles étaient clairement définis dans les relations, la rencontre avec sa propre fragilité – et par conséquent aussi avec celle de mon/ma partenaire – est une grande expérience pour les couples.
L’exigence de perfection
Dans les pays occidentaux en particulier, l’exigence de perfection est de plus en plus présente dans les relations, et peut-être surtout chez les femmes. Pour elles, le fait de devoir (ou de vouloir) correspondre à l’image de la mère attentionnée, de la femme séduisante et de la femme indépendante qui gagne sa vie peut exercer une pression énorme. Pour les hommes, il y a aussi un nouveau défi : Ils sont confrontés à des exigences ambivalentes et contradictoires – être le soutien de la famille et l’homme de la famille, s’imposer et être doux en même temps.
Dans ce cas, il peut être douloureux mais aussi salutaire de prendre du recul et de se réconcilier avec ses propres limites et celles de son/sa partenaire. L’un des fruits de ce processus est – malgré la grande différence entre les sexes – une unité croissante au sein du couple, qui peut se développer grâce à l’échange, au respect et à la réconciliation.
Un témoignage prophétique pour une réconciliation des sexes ?
En outre, la conscience que les femmes ont d’elles-mêmes et leur désir de participer davantage à la société et à l’Église ont également un impact sur la mission CANA. Les femmes et les hommes, qui à CANA partagent des responsabilités sur un pied d’égalité et ne cachent pas leurs différences (et parfois la souffrance qu’elles engendrent), donnent un témoignage prophétique pour une réconciliation des sexes dans une Église qui a besoin de plus d’hétérogénéité, de pluralité et de crédibilité.