Plongez au cœur d’une réflexion lumineuse où Frère Roger nous invite à redécouvrir la puissance et la profondeur d’un « oui » engagé, un acte de confiance qui, malgré les épreuves, devient source de liberté, de créativité et d’amour renouvelé.
Oui
Une fois encore, un homme de quarante-cinq ans me tient ce langage devenu courant : « Quand je me suis marié, j’ai été conditionné, je manquais de recul et de lucidité: aujourd’hui, j’ai trouvé la femme de ma vie. » Bien sûr, à· vingt-trois ans, cet homme n’avait pas toute sa clairvoyance. Mais à quel âge l’aura-t-il ?
Impossible de faire un choix sans renoncer pour toujours à d’autres options. Autrement nous voilà des velléitaires : nous voulons bien dire oui, mais dans l’instantané, sans continuité.
Le oui du mariage – comme celui du célibat pour l’Évangile – nous place sur une arête. C’est que l’homme global est concerné, avec son corps et avec toutes ses ressources intérieures, intelligence, sensibilité, affectivité, imagination.
Renonçant à regarder en arrière, celui qui prononce oui dit et redit au Christ, sa vie durant : « Je te fais confiance, je te crois sur parole. » Attendre une totale lucidité pour dire un oui qui reste oui, n’est-ce pas s’exposer à n’avoir plus que des restes à offrir ?
Une fois prononcé, le oui est le pivot autour duquel s’élabore une créativité continue, il est une colonne autour de laquelle l’homme virevolte dans la liberté, une source près de laquelle il danse.
Pour cet homme viendront des moments où la fidélité ne sera plus vécue dans la spontanéité de l’être : le oui pèse, il est consenti sans amour. Alors, mais provisoirement, ce pédagogue qu’est la loi peut s’imposer, jusqu’à ce que rejaillisse à nouveau l’amour.
Frère Roger
Lutte et contemplation, journal de Fr. Roger – Taizé, Presses de Taizé/Seuil