Lors de la Rencontre Internationale CANA, qui s’est tenue à Rome en parallèle à la Rencontre Mondiale des Familles (22-26 juin 2022) Mgr MORANDI* a présenté aux responsables CANA le document le plus novateur du Concile Vatican II : la Constitution Dei Verbum, le Verbe de Dieu, promulguée le 18 novembre 1965 par le pape Paul VI. Il commente le paragraphe 2 sur la nature de la Révélation Divine et développe le thème de l’écoute qui, partant de notre relation avec Dieu, nous amène vers les autres. Il nous invite à l’émerveillement et conclut avec Amoris Laetitia – La Joie d’Aimer. Voici un résumé de son intervention à partir des notes prises par Nicole NOWICKI.
Nature de la Révélation
« Il a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep 2, 18 ; 2 P 1, 4). Par cette révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1, 15 ; 1 Tm 1, 17) s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis (cf. Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15), il s’entretient avec eux (cf. Ba 3, 28) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. Pareille économie de la Révélation comprend des actions et des paroles intimement liées entre elles, de sorte que les œuvres, accomplies par Dieu dans l’histoire du salut, attestent et corroborent et la doctrine et le sens indiqués par les paroles, tandis que les paroles proclament les œuvres et éclairent le mystère qu’elles contiennent. La profonde vérité que cette Révélation manifeste, sur Dieu et sur le salut de l’homme, resplendit pour nous dans le Christ, qui est à la fois le Médiateur et la plénitude de toute la Révélation [2]. »
Dei Verbum, paragraphe 2.
Le Dieu invisible s’adresse aux hommes comme à des amis
Les pères du Concile ont voulu mettre l’accent sur la bonté et la miséricorde de Dieu. Dieu ne veut pas communiquer aux hommes des décrets, des idées, des règles. Ce qu’il souhaite, c’est se manifester lui-même. C’est étonnant de penser que Dieu, dans sa bonté, ait voulu ainsi se manifester lui-même. C’est le mystère de la volonté de salut; Dieu a un projet avec un objectif : le salut pour tout un peuple, pour chacun de nous. C’est fondamental. La vie chrétienne, ce n’est pas un exercice des vertus mais c’est une relation au Christ.
Cette relation d’amitié nous montre clairement comment nous sommes invités à écouter Dieu. Non pas dans une vision de Dieu effrayante mais, sans en avoir peur, être sous le regard d’un ami qui nous veut du bien parce qu’il sait qui nous sommes (Jean 15, 14-15). Nous sommes ici au cœur de la foi. Le but de la révélation de Dieu : une communion de vie, entrer dans la relation d’amour établie au cœur de la Trinité. C’est cela la vie chrétienne : la communion en Dieu, entrer dans cette relation d’amour dans lequel le Père se donne au Fils, le Fils se donne au Père et l’Esprit qui jaillit de cette relation d’amour.
Écouter Dieu
Au point de départ, Dieu a l’initiative : il veut s’entretenir avec nous pour être en communion avec nous, pour que nous soyons en communion avec lui. C’est décisif, cela change tout. Est-ce que j’ai capté le désir de Dieu qui est d’entrer en relation avec moi ?
Cette communion ne se limite pas à la parole mais Dieu se révèle aussi par des faits dans l’Histoire, qui est la manifestation de cette relation avec Dieu. A nous de regarder les événements comme Dieu qui nous parle même à travers des faits. Qu’est-ce que Dieu me dit à travers tel événement, tel échec, telle difficulté ? Et où trouver des hommes et des femmes spirituels qui savent lire les événements, discerner ce qui se passe dans nos familles, dans notre vie, dans l’Église ? Cela n’est possible que si nous sommes des personnes spirituelles, c’est-à-dire des personnes guidées par l’Esprit Saint. Et le critère fondamental pour entrevoir et lire l’action de Dieu, c’est le critère de notre pauvreté et faiblesse. Parce que Dieu choisit ce qui n’est pas digne, ce qui est déprécié, méprisé. Parce que Dieu regarde le cœur et non l’apparence. Dans une famille, les parents sont les communicateurs d’une histoire quand ils racontent à leurs enfants comment Dieu crée une alliance et nous invite à vivre une relation d’amitié.
S’émerveiller
Comment vivons-nous notre relation à Dieu ? C’est difficile et c’est pour cela que les grands maitres spirituels disent que le plus important dans notre rencontre avec Dieu, c’est la phase préparatoire, se préparer à rencontrer le chef suprême qui dit au prophète Jérémie : « Je t’ai aimé d’un amour éternel ». Cette révélation que Dieu fait de lui-même a comme apogée, non pas que Dieu soit reconnu comme moteur premier, celui qui aurait donné le coup d’envoi au monde mais qu’il soit reconnu comme un père capable d’un amour qui est éternel.
La première attitude fondamentale, c’est de s’émerveiller de Dieu, de son amour de l’autre. En couple, en famille, il s’agit donc de ne jamais perdre cet enchantement de la rencontre. Il faut arriver à la mort, vivant !
Écouter l’autre
Si tu veux écouter vraiment quelqu’un, tu dois l’accueillir inconditionnellement, sans conditions, comme Dieu le fait avec chacun de nous. Tu deviens écoutant d’une histoire dans laquelle Dieu s’est manifesté et révélé.
Conclusion avec Amoris Laetitia – La Joie d’Aimer
Mais la parole ne suffit pas, il faut des gestes. Dieu ne se révèle pas que par des paroles mais il se révèle aussi par des gestes, des actions. Mgr Morandi conclut en citant trois paragraphes du chapitre 9 de l’exhortation Amoris Laetitia – La Joie d’Aimer, intitulé « Spiritualité matrimoniale et familiale ».
AL 321. « La vie en couple est une participation à l’œuvre féconde de Dieu, et chacun est pour l’autre une provocation permanente de l’Esprit. L’amour de Dieu trouve « une expression significative dans l’alliance nuptiale réalisée entre l’homme et la femme ». Ainsi les deux sont entre eux reflets de l’amour divin qui console par la parole, le regard, l’aide, la caresse, par l’étreinte ».
AL 322 : La fécondité matrimoniale implique de promouvoir, car aimer un être, c’est attendre de lui quelque chose d’indéfinissable, d’imprévisible ; c’est en même temps lui donner en quelque façon le moyen de répondre à cette attente »…
AL 323 « On peut être pleinement présent à l’autre si l’on se donne, sans justification, en oubliant tout ce qu’il y a autour de soi. Ainsi, l’être aimé mérite toute l’attention ».
Si nous apprenons à écouter avec le cœur, nous aurons des paroles qui seront en mesure de créer la communion et nous aurons des gestes qui deviendront symboles de cette communion.
*Mgr Giacomo MORANDI est évêque du diocèse de Reggio Emilia-Guastalla. Il était au préalable Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.