Le jubilé 2025 est une année sainte dans l’Église catholique qui a lieu tous les 25 ans. Pour ce jubilé 2025, le Pape François a choisi pour devise « Peregrinantes in spem » (Pèlerins de l’espérance).
Arrêtons-nous quelques minutes sur cette vertu théologale de l’espérance chrétienne.
- Une espérance fondée
L’espérance biblique est fondée sur une personne et ne repose pas sur les circonstances. La fidélité que Dieu a manifestée dans le passé nourrit l’avenir.Le théologien catholique Karl Rahner écrit que l’homme est cet être qui a « l’audace d’espérer ». Notre espérance est fondée : notre raison d’espérer, c’est donc Dieu, Dieu qui a concrétisé sa bienveillance à notre égard en nous envoyant son Fils, « le Christ Jésus, notre espérance » (1 Tm 1,1). L’espérance dépasse donc l’espoir car elle n’est pas seulement une attente mais la certitude fondée dans la foi que Dieu donne le bonheur.
- Espérance et promesse
La promesse est le propre de l’espérance juive, fondamentalement messianique et tout entière tournée vers l’avenir. C’est avec Abraham que commence la longue histoire de l’espérance dans la Bible. Abraham a cru à la promesse qui lui était faite : « Espérant contre toute espérance, il crut » (Rm 4,18), et les croyants de l’Ancien Testament sont ceux « qui par avance ont espéré dans le Christ » (Ep 1,12).
L’espérance chrétienne est fondée sur un premier accomplissement de la promesse, sur l’événement pascal de Jésus Christ et le don de l’Esprit à la Pentecôte (Ac 2,33-39). Aussi l’Épître aux Hébreux présente-t-elle la venue de Jésus comme « l’introduction d’une espérance meilleure » (7,19).
- La résurrection fondement de l’espérance chrétienne
Le théologien protestant Jürgen Moltmann ayant écrit « Théologie de l’espérance » indique que « la véritable espérance chrétienne commence par la résurrection du Christ et sa promesse d’une nouvelle vie ».
Nous lisons dans la première lettre de Pierre (chapitre 1 versets 3 à 5) : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ : dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une vivante espérance grâce à la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne connaîtra ni corruption, ni souillure, ni flétrissure. Cet héritage vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi, pour un salut prêt à se révéler dans les derniers temps ». Le fondement de l’espérance chrétienne n’est donc pas un enseignement mais un événement : la résurrection du Christ.
Le Pape François dans son audience du 11 décembre 2024 a expliqué que « l’espérance n’est pas un vain mot » mais « une certitude, parce qu’elle est fondée sur la fidélité de Dieu à ses promesses ».
L’objet de l’espérance c’est le bonheur promis par Dieu, le royaume de Dieu qui vient ; être sauvé du mal, du péché, de la mort et participer de la gloire de Dieu dans la vie éternelle.
Cette espérance chrétienne transforme la perception de l’avenir, offrant une vie nouvelle et pleine de sens.
- Espérance vertu théologale
Dans la tradition chrétienne, l’espérance est considérée comme une vertu théologale, c’est-à-dire une vertu qui provient directement de Dieu et constitue pour nous les hommes le chemin par lequel nous parvenons à Dieu.
L’espérance est donc un don de Dieu, une vertu orientée vers le salut promis par Dieu, une confiance active en la bonté de Dieu et en son plan d’amour pour chaque homme.
Les vertus théologales trouvent leur source en Dieu et se réfèrent à Dieu. L‘ espérance est la vertu par laquelle nous désirons fermement et durablement ce pour quoi nous sommes créés « louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur » selon le Principe et Fondement de saint Ignace de Loyola.
L’espérance, en tant que vertu théologale, est intimement liée à la foi et à la charité, formant ainsi un triptyque fondamental pour la vie chrétienne.
Dans son hymne à la charité (1 Co 13), saint Paul inscrit l’espérance entre la foi, fondement de tout, et la charité qui ne passera pas.
L’espérance est nourrie par la foi qui nous permet de croire en ce que nous ne voyons pas encore (Rm 8, 24-25). La foi nous pousse à désirer un avenir meilleur, un avenir définitif et pleinement heureux que l’on appelle le salut, c’est la foi qui nous donne la raison d’espérer.
L’espérance est aussi renforcée par la charité qui nous pousse à aimer et à servir les autres dans l’attente du Royaume de Dieu.
- Esprit-Saint : source de l’espérance chrétienne
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique au numéro 1817 présence définit aussi l’espérance en tant que vertu théologale « par laquelle nous désirons comme notre bonheur le Royaume des cieux et la Vie éternelle, en mettant notre confiance dans les promesses du Christ et en prenant appui, non sur nos forces, mais sur le secours de la grâce du Saint-Esprit. » Gardons indéfectible la confession de l’espérance, car celui qui a promis est fidèle » (He 10, 23). » Cet Esprit, il l’a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l’héritage de la vie éternelle » (Tt 3, 6-7).
L’Esprit Saint est la source toujours jaillissante de l’espérance chrétienne, Saint Paul écrit dans la lettre aux Romains (15,13) : « Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et de paix dans la foi, afin que vous débordiez d’espérance par la puissance de l’Esprit Saint ».
Dans sa bulle d’indiction du jubilé 2025, le Pape François nous exhorte : « Puisse le Jubilé être pour chacun l’occasion de ranimer l’espérance. Laissons-nous guider par l’apôtre Paul : l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rm 5, 1-2.5) ».
Le Pape affirme que l’espérance chrétienne, en effet, ne trompe ni ne déçoit parce qu’elle est fondée sur la certitude que rien ni personne ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu.
Nous pouvons donc demander qu’en cette année jubilaire, l’Esprit Saint fortifie notre espérance pour que nous ayons la force d’avancer pas après pas à la suite du Christ.