Un pauvre qui aime un autre pauvre

L’origine et le sens profond de CANA

Ce dimanche midi, Pierre et Solange étaient de retour d’une retraite pour couples. Pour la première fois, ils avaient quitté leurs 9 enfants pour une semaine de retraite. Pendant ce repas mémorable, Didier, le fils ainé, osa poser la question, sentant qu’il s’était passé quelque chose d’important : « Qu’avez-vous fait pendant cette retraite ? » Solange regarde Pierre, Pierre regarde Solange. Finalement Pierre dit devant tous ses enfants : « votre mère et moi, nous nous sommes dit des choses que nous n’avions jamais dites : c’est comme un pauvre qui aime un autre pauvre. »

Depuis cette expérience spirituelle, si simple et si importante, Solange, pendant 2 ou 3 ans, a souvent insisté, pensant sans doute déjà à sa famille nombreuse et à ses futurs petits enfants : « Il faut faire des sessions pour les couples ». Voilà l’origine et le sens profond des sessions Cana : « un pauvre qui aime un autre pauvre ». Depuis lors, des milliers de couples dans le secret de leur amour conjugal ont fait la découverte des Béatitudes :

« Bienheureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux » (Mt. 5,3).

Les Exercices Spirituels de Saint Ignace

Il s’agit au fond de proposer à un couple de faire les Exercices Spirituels. Ce ne sont pas les Exercices Spirituels de Saint Ignace qui se vivent de manière individuelle, mais des exercices en couple qui reprennent les 4 temps de toute retraite fondamentale. Comme dans les exercices spirituels de 8 jours, le moment de la réconciliation qui se vit individuellement et en couple est déterminant.

Trilogue

Avec des couples des 5 continents, dans une cinquantaine de pays, nous avons vérifié que le dialogue en couple est souvent très difficile et parfois impossible. Nous leur proposons le « trilogue », cet échange à trois où Dieu est présent. Il s’agit ni plus ni moins de découvrir la prière en couple. Là où le dialogue est difficile ou même impossible, le trilogue est toujours possible : Dieu vient au secours de notre faiblesse.

Amour = Bonheur + souffrance

Depuis plus de 30 ans nous avons déployé un enseignement que j’ai trouvé dans une revue d’une Église Évangélique. Il s’agit d’expliquer qu’il n’y a pas d’amour sans souffrance et que, paradoxalement, la souffrance partagée en couple peut sceller une union plus profonde qui nous met tous au coeur de la foi chrétienne : il n’y a pas de Résurrection sans Passion. Plusieurs témoignages permettent à beaucoup de mieux comprendre ce qu’ils vivent et d’être fortifiés dans leur amour.

La lettre : importance de la médiation de l’écrit

Nous avons, il faut le reconnaître, beaucoup reçu de l’expérience de Marriage Encounter. Cet exercice « spirituel » d’écrire à son conjoint plusieurs lettres pendant la session Cana sur des sujets délicats et profonds est pour beaucoup de couples une découverte : « ce qui est écrit est écrit ». Par écrit il est parfois plus facile de partager certains évènements et ce que nous éprouvons.

La fraternité

Il y a une trentaine d’années, dans la toute première session Cana, un animateur responsable d’une fraternité de 4 couples vient me dire, inquiet : « nous prenons beaucoup de risques, il faudrait qu’il y ait dans chaque groupe un psychologue parce que les couples disent des choses tellement importantes avec une telle transparence que nous ne savons pas où nous allons». J’ai répondu qu’il faut trouver dans le groupe une vraie liberté : de partager ou de ne pas partager et que d’autre part, cette transparence ne peut être vécue que dans la prière.

C’est le Christ qui est au milieu de nous : « lorsque deux ou trois sont réunis en mon Nom, Je suis là au milieu de vous ». La présence du Christ au milieu de nous permet le pardon. Le partage dans ce genre de fraternité est une expérience qui encourage le respect et la discrétion. C’est ce que nous essayons de vivre dans notre propre Communauté depuis le début. Après une telle expérience, beaucoup de couples éprouvent le besoin de poursuivre ce genre de fraternité, comme s’ils découvraient le mystère de l‘Église, qui est Communauté.

Père Laurent FABRE, Fondateur de la CCN

Extrait de CANA MAG. CANA 30 ANS ! 1990